Petit déjeuner Turc copieux et varié à l’hôtel. C’est qu’on a une étape de 250 kms dont 100 sur une route qui est… absente de notre carte pourtant détaillée. Comme on est joueurs on assure le plein d’essence au plus près de la bifurcation et on y va !
Sur les 150 premiers kms, on s’est fait arrêter pour la 7ème fois. Encore des curieux, qui nous libèrent vite et… sans contrôle.
Ensuite, peu après Malatya les choses sérieuses commencent, très vite on s’élève dans les successions de lacets, la mécanique est sollicitée, je prends soin d’y aller doux. En montée, et surtout quand la charge est importante, il vaut mieux monter sans accélérer à fond. Généralement, le premier tiers de course de l’accélérateur suffit à maintenir un bon équilibre de traction, sur le couple et non sur la puissance, car si on ouvre à fond, le moteur, suralimenté, va très vite chauffer.
À chacun des 4 cols montés et descendus, c’est une variation différente des paysages traversés. Je n’avais pas l’altimètre mais je pense que nous étions à chaque fois entre 1800 et 2000 mètres. On est passés du semi désertique, aux cultures de céréales, aux pâturages verts et enfin aux sapins.
La route est très fragile, peu entretenue, sans doute est-ce la raison pour laquelle elle ne figure pas sur la carte. Elle est pourtant fréquentée par des navettes de minibus qui semblent faire la liaison entre les hameaux. On en a croisé 3 ou 4. Impressionnantes descentes au frein moteur, souvent en première pour ne pas prendre trop de vitesse et surchauffer les freins.
ll manque parfois des bandes entières de bitume, les accôtements sont aléatoires et glissants, de fréquents éboulements recouvrent une partie de la chaussée… On y roule à 30 km/h, mais elle nous fait accéder à des paysages fantastiques ! Nous n’avons pas traversé de villages mais vu des hameaux de quelques fermes d’altitude.
En haut du deuxième col, on fait un arrêt. J’en profite pour vérifier l’huile qui se fait à chaud sur la Guzzi. Un groupe de motards passe et s’arrête pour s’assurer que nous ne sommes pas en difficulté. On échange quelques mots, tout va bien, ils repartent. Je vois alors un kougal se rapprocher de nous peu à peu, il doit trouver qu’on est trop près du troupeau qu’il protège. Ce n’est pas nous qui avançons vers eux mais eux vers nous. Le kougal étant moins connu pour sa rhétorique que pour son gros collier à pointes, signe de sa capacité à tenir tête aux loups, on repart fissa sans même avoir bu un coup ! @ Matthieu : ça y est, on a été initiés 😁
50 kms plus loin, on voit nos nouveaux amis motards attablés devant un thé alors qu’on cherche à en prendre un ! Ils nous font une place parmi eux et nous l’offrent. On discute voyage, moto, itinéraire, âge des capitaines. Chaque fois je dis seventy-two au lieu de sixty-two, je dois vraiment apprendre à le dire en Turc car on nous demande souvent notre âge. Ils nous escortent jusqu’à un superbe endroit de baignade en rivière. Nous les saluons et continuons notre route, il nous reste une dizaine de kilomètres.
Le GPS estimait le trajet à 3h40, on aura mis 5h30. Il était temps car autant en altitude l’air reste frais, autant à la redescente, la chaleur vous terrasse…
Le camping recommandé par Marc, François, Mathieu et Romain est juste merveilleux… Un accueil chaleureux de la famille qui tient les lieux à l’entrée d’un petit hameau agricole, ils nous offrent un thé et un peu plus tard, une tranche de pastèque.
L’emplacement est ombragé, on s’empresse d’accrocher nos hamacs. Une vue sur la chaîne de montagnes plein ouest, une piscine qui retient l’eau vive de la montagne, aussi froide que celle du Mélo en Corse ! On aime !
Petit tour au village, on se retrouve vite entourés d’enfants qui nous disent leurs prénoms et veulent savoir les nôtres. On voit des vaches, des chèvres en troupeaux, des ânes de bât, chargés d’herbes, de sacs, les vieux qui les montent portent des vêtements traditionnels. Pantalons bouffants à l’entre-jambe très bas pour les hommes, avec la petite calotte sur la tête, et les femmes en vêtements très colorés, un foulard dans les cheveux.
On vous écrit ce post nuit tombante, affalés dans nos hamacs. Aujourd’hui était l’un des plus beaux itinéraires jusqu’ici, un des plus sauvages aussi, bien qu’on ait souffert de la chaleur en fin de parcours.
On vient de voir un vers luisant ! En voici une photo. Oui bon, ça fait penser à celles des OVNI c’est vrai, mais avec un smartphone, on est au delà des limites.
Et maintenant c’est une Luciole (imprenable) ! 😃😍❤️ Qui pourrait dire à Pier Paolo Pasolini que les lucioles vivent encore, en Turquie…
Bahaahhh, la lumière la lumière, la visibilité de tous les détails et ce bleu de ciel !!!!! Les 4 cols!!!! Les havres et les rencontres. Quelle étape de rêve. Je déguste avec lenteur. Grazieeeee