Gaziantep est un nom que j’avais repéré d’emblée sur la carte lorsqu’on préparait l’itinéraire. Il y a des noms de villes où de lieux qui parfois à eux seuls évoquent le voyage, l’aventure, l’ailleurs.
Vous vous souvenez que les anglais vivant en Turquie, rencontrés au lac d’Eigirdir nous en avaient parlé avec beaucoup de nostalgie. Nathalie trouvait que cette ville était trop proche de la frontière Syrienne, je n’avais pas d’avis particulier, et nos choix ont été autres : une route plus au nord pour être à la hauteur du lac de Van.
Mais nous y voilà tout de même, le cardan en vrac nous y aura conduit.
Petit point technique décrypté : Eh oui il y a parfois un cardan sur une moto, c’est le cas sur la plupart des motos BMW, de toutes les Moto Guzzi, de toutes les Ural, et de quelques rares modèles de japonaises (Yamaha, Kawasaki, Suzuki). Toutes les autres ont des chaînes, quelques-unes seulement ont des courroies (Harley Davidson, BMW).
Le cardan, comme la chaîne ou la courroie sert à transmettre le mouvement du moteur et de la boîte à vitesse à la roue arrière. L’avantage du cardan est qu’il est sans entretien, sauf une vidange de temps à autre et qu’il dure normalement le temps de vie de la moto.
Alors pourquoi casse-t-il ? Parce qu’un side car met à rude épreuve la mécanique. Là où la moto tracte son propre poids (190 kg) plus un ou deux passagers (70 à 140 kg), il faut ajouter dans notre cas, 55 kg de sidecar et autant de matériel, soit 110 à 120 kg de plus. On arrive à 410 kg et c’est peu par rapport à beaucoup d’autres sidecar.
On parle de « casse » mais rien n’a véritablement cassé, l’arbre central s’emboîte d’une part dans un arbre sortant de la boîte à vitesses côté moteur et dans un autre entrant dans le couple conique situé autour de l’axe de la roue arrière.
Ces deux organes sont restés sains parce qu’ils sont en acier cémanté, très dur. Le cardan et ses manchons au milieu, sont faits dans un acier beaucoup plus tendre, ce qui explique que leurs cannelures, qui assurent la liaison de part et d’autre, s’usent au point de s’arrondir, et de devenir… Édentées, rondes, ne pouvant plus résister à la charge imposée par la transmission. Voilà ce qui est arrivé. Claire, (J’espère que tu es satisfaite de ces explications 😉)
Ce matin à 9h30 au garage, nous avons trouvé side et moto désolidarisés. La moto sur le pont élévateur, les pièces incriminées démontées et soigneusement rangées. Murat, le patron et chef d’atelier nous explique la situation. On échange grâce au traducteur Goggle, ça prend un peu de temps, c’est drôle et agaçant, mais on arrive à communiquer.
De G à D : le bras oscillant, dans lequel tourne le cardan ; l’arbre de vis sans fin du couple conique ; le couple conique (en arrière plan) ; les 3 pièces à changer (en avant plan), cannelures usées.
Le raccord, le manchon et le cardan (dont le croisillon n’a aucun jeu), aux cannelures si usées qu’elles ne tiennent plus la charge.
Les ratiches élimées de l’arbre de cardan.
Sur le manchon c’est encore pire, à l’intérieur comme à l’extérieur.
Il nous faut maintenant attendre les pièces détachées, soit d’Italie, soit de France. Demain nous devrions avoir assez d’informations pour faire un choix.
Dans l’atelier, oh surprise, au milieu de toutes ces belles motos, une authentique Grenat de Motobecane, et dans un état collection (!). Spécial poke à Virgile, Alain et Gilles ! Pour celleux qui découvrent, voyez « Ma grenat et moi », très chouette et tendre film de Gilles Elie-dit-Cosaque 😃
Nous voici partis pour une visite de Gaziantep nez au vent. On se dirige vers la vieille ville mais musardons dans un Kultur Park, qui nous fait réfléchir au double sens du mot culture.
Sur notre chemin, nous nous informons des prix de location de voiture, soit 20 euros jour pour la petite Fiat avec climatisation. Car nous essayons de nous préparer à une attente longue des pièces Guzzi, nous profiterions alors d’aller en voiture au lac de Van, peut-être au bord de la mer Noire, puis de revenir à Gaziantep pour repartir en sidecar vers le sud ouest. Mais alors, fini l’Iran, la Géorgie, l’Arménie, car il faudrait refaire la même route une troisième fois… Et ça, c’est trop déprimant. De plus Nathalie n’a plus confiance dans la Guzzi, à qui elle reproche d’être Italienne, ce qui me blesse profondément, vous vous en doutez.
Bon, il y a de quoi faire, voir, découvrir et rencontrer en Turquie et ailleurs sur notre route de retour… On va s’adapter.
Gaziantep est une ville étonnante, contrastée, à la fois moderne et commerciale que tournée vers les traditions. Vu notre état de désœuvrement, on ne se refuse pas la visite du Rosny 2 local, où on trouve un Decathlon, dont la taille du rayon camping laisse penser que cette pratique est en plein développement en Turquie, alors même que l’offre de camping y est balbutiante. Nathalie fait un tour voir les maillots de bains burkinis mais ne trouve pas le modèle topless. Trop tôt dans la saison peut-être ?
Dans les parcs les ados se promènent, et comme partout ils se cachent pour se bécoter. On est ravis du petit vent frais qui souffle ici, les arrosages de gazon brumatisent gentiment nos minois lors de notre passage.
On rejoint la haute ville, son château et son bazar. Ici c’est un monde étrange, un choc entre la modernité cheap des boutiques de smartphones qui semblent avoir littéralement infiltré les lieux…
… qu’on sent pourtant tournés vers les métiers d’arts, ferronniers, savetiers, ferblantiers, orfèvres, qui travaillent dehors ou dans de petits ateliers ouverts sur la rue. Autre sujet d’étonnement : l’absence de touristes étrangers.
Dans le bazar, on trouve le collier des chiens de berger, les kougals dont on vous a déjà parlé. Impressionnants non ?
Le choc de deux Turquies très éloignées est comme évident et criant ici à Gaziantep. On a d’ailleurs le même type de sensation en regardant la télévision (notamment les publicités), et en sortant dans la rue.
On a fait beaucoup de kms à pied aujourd’hui. Mais (petit) bonheur en rentrant à l’hôtel et après trois essais infructueux, on trouve une boutique vendant de l’alcool, de la bière fraîche précisément. L’Efes kiss cool, on aime 😃
Hello
Juste ce petit mot pour signaler que Stein-Dinse en Allemagne fournit et expédie les pièces Guzzi rapidement et au meilleur prix .
(Si ça peut réduire l’attente …)
Bien à vous
Claude (le copain guzziste de christian)
Merci beaucoup Claude ! Je connais la boutique seulement de nom mais je ne l’ai jamais testée car je trouvais le site web peu précis, l’as-tu fait de ton côté ?
J’ai testé Motobel, un ancien concessionnaire de Courbevoie (je crois) qui a gardé une activité de vente de pièces Guzzi en ligne, fiable et rapide.
A bientôt !
Luc
Oui, j’ai testé
Vraiment ils ont toutes les références et ils sont très rapide dans l’expédition. Tu peux commander en ligne mais aussi communiquer avec des vendeurs (en français !)
J’espère que vous allez vite trouver la solution
A très bientôt
Merci Claude pour ces précisions ! Je vais regarder ça de plus près.
A très bientôt ✌️
En rentrant de voyages, on se rappelle des galères, ces aventures qui corsent le périple. Mais sur le coup, faut encaisser ! Zut zut zut !
Comme je viens de lire plusieurs épisodes d’une traite, rattrapant un retard inexcusable, je rappelle à Luc, que j’ai lu, il y a quelques jours, une remarque perfide sur les motos allemandes qui ont également un cardan, susceptible de lâcher donc (moi aussi j’ai suivi le cours très pédagogique du prof ! )
Restez zen, c’est pas si grave. Juste grave emmerdant. Des bises compatissantes. Cat
Oui, le cardan est égalitaire, il emm… tout le monde de la même façon lorsqu’il casse 😂
Merci Catherine !
Le chapitre mécanique moto est juste parfait, j’ai l’impression d’être grave montée en compétences !
Ah ! Chouette 😉
Si vous trouvez les explications techniques trop longues,adressez vos reproches à Claire qui a fait des compliments sur la pédagogie mécanique !
J’adore le modèle avec petits pompons doux et roses, si j’avais un Kougal, je prendrais celui-ci.
Si tu cherches un cadeau pour Holie…
Elle ferait fureur avec ça 😂