Marche à l’ombre

Quel que soit notre itinéraire dans cette ville, Nathalie me dit « marche à l’ombre ! ».

Il faut reconnaître qu’il fait chaud, et que le vent bienfaisant d’hier n’est plus.

Mais vous n’êtes pas là pour entendre parler de la pluie et du beau temps n’est-ce pas ?

Alors on commence par les news sur le sidecar. Les pièces, heureusement disponibles en France chez Motobel ont été expédiées par Nicole en fin d’après-midi chez Jean d’Alternative Side-Car, qui les enverra par transporteur chez Murat de Klas Motor à Gaziantep. Merci à eux trois pour leur professionnalisme, leur patience et leur sens de l’entraide !

On espère ainsi récupérer le side dans 15 jours si tout va bien. Moto Guzzi Italie donnait un délai de 45 jours. Voilà donc sur quelles bases repose notre choix.

On est ce matin passé du côté obscur… en louant une voiture (Ah quelle horreur !) pour ces 15 jours. Ce qui nous permettra d’aller voir le lac de Van, puis les bords de la mer Noire, qui étaient aussi dans nos objectifs de voyage. Bon, l’honneur est tout de même sauf, puisque la voiture est une FIAT 😁. Petit topo pour Claire 😂

La Fiat Aegea a été spécialement conçue pour le marché Turc, et – fait rare (pour une voiture de marque étrangère) – elle a même été dévoilée en primeur au salon de l’automobile d’Istanbul lors de son lancement en 2016. Présentée comme « un pont symbolique entre l’Est et l’Ouest », elle est fabriquée à Bursa en Turquie, d’où elle est exportée vers 40 pays.

Elle est déclinée en deux fois deux versions : deux moteurs turbodiesel multijet II et deux à essences sont proposés, avec une transmission manuelle ou automatique pour des puissances comprises entre 95 et 120 chevaux.

Les moteurs diesel sont particulièrement économes en carburant : moins de 4 litres/100 km, comparable à la consommation d’une voiture de ville comme la Fiat Panda. Le side car est en effet battu à plates coutures, il faut bien le reconnaître.

Fin de la séquence automobile car ma rédac chef me fait des signes. Faut que j’abrège. J’avais à peine commencé mon sujet, même pas parlé du chien de sa ligne italienne, de l’équilibre subtil de son habitabilité et de sa manœuvrabilité, des matériaux, de l’équipement..

Retour à la citadelle aujourd’hui, pour la visite du musée de l’histoire de la ville.

On entre dans l’enceinte historique aux murs épais, sur le parcours qui nous mène au centre, on voit de nombreuses statues de combattants, qui ont donné leur vie et leurs noms à la ville.

Des statues d’enfants, morts fusillés : mais qui sont les auteurs de ces atrocités ? Avant de s’appeler Gazientep, elle était Antep. C’est la résistance héroïque de ses habitants aux troupes françaises d’occupation coloniale qui ont donné à la ville son nouveau nom en 1920 : La valeureuse Antep, soit Gaziantep.

S’ensuit dans le musée, un parcours ponctué d’archives vidéos de combats, de panneaux relatant la perfidie des français, violeurs et sournois, on sent assez vite qu’on a pas tenu le beau rôle dans cette histoire. On se fait petit, on vérifie mentalement son accent anglais si on nous demande « where do you come from ? » On se dit que pour supporter ces horreurs, il faut bien la fraîcheur des vieilles pierres du château. Raser les murs, profil bas, encaisser. Tout cela sur fond de naissance de la Turquie moderne, avec l’émergence de Mustapha Kemal dit Atatürk.

La visite se poursuit avec le panorama ouvert sur la ville qui compte ses 2 millions d’habitants.

Écrasés de chaleur, on trouve refuge dans l’étage climatisé d’un petit restau fréquenté par des habitués.

On nous aide à nous repérer dans les menus.

Nathalie manque s’étouffer en mangeant un piment avec le même allant que s’il eût été un poivron.  Le yaourt Eyran, le thé, les feuilles de menthe sont mis à contribution pour éteindre l’incendie.

Gaziantep n’en finit pas de prendre sa revanche sur les Français !