Aujourd’hui nous avons rejoint Diyarbakir en voiture. On a fait la même route qu’avec la dépanneuse, de Gazientep jusqu’à Siverek, dans l’autre sens, en plus rapide. Puis Siverek Diyarbakir, soit l’étape que nous aurions dû faire en side.
La sensation est différente, on s’est sentis vieillir, on s’est surpris à apprécier la climatisation, le stop & go, le silence dans l’habitacle, où on peut se parler sans crier. La FM pré réglée sur de la musique Turque sucrée comme un loukoume.
Bon, ça nous pas empêché de nous faire contrôler, on ne sait plus si c’est la 8ème ou 10ème fois. J’ai vu au regard du policier, après que je lui ai dit que nous étions français, qu’il n’avait pas envie de se compliquer la vie. Il nous a très rapidement fait signe de partir.

Vastes plaines sous 37 degrés, oliviers, figuiers, et céréales en cours de moisson… Quelques troupeaux, vaches, chèvres, moutons. Et dans les champs, des rochers de grande taille, en nombre impressionnant, parfois empilés pour former des séparations de cultures, parfois amoncelés en tas. Ici les cultures se sont faites en poussant les rochers pour faire place nette !
Quelle surprise de traverser l’Euphrate, qui nous renvoie à nos souvenirs d’école sur le croissant d’or dit aussi croissant fertile. Une petite centaine de kms plus loin, c’est le Tigre qu’on rencontre, à Diyarbakir ! Et là c’est un autre souvenir qui s’impose : la naissance des écritures, entre Tigre et Euphrate…
Ces deux fleuves prennent leurs sources en Anatolie, ils sont parallèles très longtemps en traversant la Turquie, puis se croisent plusieurs fois, et finissent leur course en mélangeant leurs eaux dans le Golfe Persique.

On trouve notre hôtel, gare la voiture et on espère qu’il pleuve, maintenant qu’on est plus en moto !
On s’enfonce dans les ruelles bruyantes, chaudes et animées du samedi à Diyarbakir. On pose nos affaires et filons au musée d’archéologie de la ville, au centre de la citadelle, une muséographie thématique, un bâtiment pour la chronologie, un autre pour les modes de vie. Les salles sont climatisées et c’est heureux !

Ce fragment de lettre (reproduction), écrite en cunéiforme, par un administrateur de la ville de Tushhan, un certain Mannu, Ki Libbali, fait état de ses sentiments, partagés entre l’espoir de voir l’envahisseur Assyrien quitter les lieux, et la crainte d’un avenir incertain pour sa ville… On est en 611 avant Jésus-Christ…
La notice du musée insiste sur le fait que les écrits de cette période sont plutôt factuels, comptabilité, listes, tables. Ici c’est les sentiments d’une personne qui sont consignées.
En sortant du musée, guidés par les zones fraîches, à l’ombre, nous voici dans ce marché couvert, une multitude de petits cafés servent thés, cafés, citronnades, eaux gazeuses…
On se croirait en Iran dans cette ambiance très particulière.
De larges toiles de coton glissées sur des cordes créent de l’ombre dans la cour intérieure, celles-ci sont réglées à la main tout au long de la journée pour offrir le meilleur équilibre lumière fraîcheur…
Pour la première fois, dans la rue, on nous apprend un mot en Kurde. Juste un mot, sans plus : merci, « spas ».
Fantastique, le cunéiforme. Quelle émotion…!!!
N’est-ce pas ? Et puis toute cette histoire des écritures, on en finit jamais de chercher à comprendre comment ça a pu marcher…
Vivemant Van demain. Plus de fraicheur et de l eau surtout. Il fait vraiment trop chaud ici.