Partis ce matin de Konacik, on avait tout plié rangé hier soir sauf la chambre de la tente. On a pris notre petit déjeuner sur la terrasse au bord de l’eau. Fait du thé dans la cuisine du camping.
Marly nous a rejoint un peu plus tard. Son fils dormait encore quand on est partis. Hier soir il nous a parlé d’une ballade à faire à pied, une cascade et baignade en canyon, dans la montagne au dessus du camping. On doit absolument y revenir ! On les a invités à la maison s’ils passent du côté de Paris. Y’a pas de cascade mais on a le bois de Vincennes, et le parc des Beaumonts !
On aura passé ici 2 semaines hors normes, fait de très belles rencontres et de chouettes ballades et découvertes Nous y aurons aussi vécu un yoyo émotionnel usant, qui est d’autant mieux passé que tout le reste était génial.
On a pris vers 8h la route avec la Fiat pour Gazientep. Pour partie nous connaissions la route. Aussi avons-nous fait pour le retour, la variante longeant la frontière Syrienne.
Etrange de voir le nom de cette ville sur un panneau routier, ici surligné en jaune parce qu’il faut pour la rejoindre, traverser une frontière.
La Syrie est pour nous tellement synonyme de guerre, de sale guerre.
Longer ces espaces communs Turquie – Syrie n’aide certainement pas à comprendre, mais donne un espace vivant à ce qui pour nous était devenu une image télévisée, une information totalement désincarnée, figeant un peuple dans son malheur, une zone géographique, Aleph ville martyre, des belligérants, un discours de territorialité, d’enjeux comme on dit géo politiques, économiques, historiques, ethniques, religieux… dans une dynamique de mort. C’était inéluctable, les Russes, les Américains, les Kurdes, les Turcs, les Syriens, les Djihadistes et tous les autres, ceux restant dans l’ombre… Un gros pataquès.
Mais partout les cultures, les oliviers, les vignes, le blé poussent et sculptent un paysage vert et blond. Les paysans de tous côtés luttent pour maintenir les flux de la vie.
Au milieu des montagnes une zébrure grise, mur élevé, miradors, pilones émetteurs, fils barbelés. Elle file et suit les courbes de niveau, grimpe, court et redescend sur des dizaines de kilomètres… Un zona sur la peau du monde.
Frontière blessure, on ne voit ni n’entend rien mais on comprend que ces murs n’apporteront ni ne garantiront rien, ni la paix ni la vie. Peut-être un statut quo ? Que chacun reste chez soi ? Mais est-ce seulement possible ?
Check point, ils arrêtent tout le monde. Un véhicule blindé américain, de l’armée Turque certainement. Un militaire en armes fait signe de se ranger et d’attendre, son collègue examine les véhicules et leurs passagers. Notre tour arrive, ils nous identifient visuellement et nous font signe de repartir.
Il fait jusqu’à 40 degrés, on s’est maintenant éloignés de la frontière Syrienne et on se rapproche de Gaziantep.
On file chez Murat, tout est prêt, je pars essayer le side, qui fonctionne parfaitement bien ! On vide la voiture pour faire le chargement du sidecar. On paie nos factures et lui dit à demain matin.
On va ensuite rendre la voiture à l’agence de location, on passe à notre hôtel et on prend un taxi pour le musée Zeugma de la céramique. Les pièces exposées ici constituaient le site antique de Zeugma et datent des 2 et 3eme siècle après JC. Il est superbe et très bien mis en contexte et en valeur dans l’aile gauche du bâtiment, l’aile droite ne fait qu’héberger des pièces, on a l’impression qu’il n’y avait plus d’idée, ni de budget, la climatisation aussi quitte le visiteur au fil des 4 étages.
Comme à Éphèse, on est touchés par la grâce des portraits, ici en mosaïque, et pour la plupart dans un état de conservation exceptionnel.
Le portrait dit de la bohémienne est superbe et étonnant dit Nathalie (je ne l’ai pas vu). Son regard semble suivre celui du visiteur, tout comme celui de la Joconde, bien avant elle…
Demain matin on reprend la route avec notre sidecar !
Quel oeil de braise ! Elle me fait penser à une égérie révolutionnaire ou féministe, Une rebelle. Allez savoir pourquoi ? Belle en tout cas. Mais une uchronie en Turquie profonde.
Ah merci à vous de nous dire la vie dans ce paysage vivant et cultivé…
😃