Nous voici ce matin partis pour rejoindre à pied Kentarchos, qui existe sur les cartes Google et MapsMe (OpenStreetMap) mais qui se dénomme Kalistos sur la pancarte du départ de sentier à Chora (enfin, Serifos sur la carte). Comment ça vous êtes perdus ? Un litre et demi d’eau, 4 oranges et un couteau, 2 parts de tarte épinards feta, nos chapeaux bien vissés sur la tête et nous voilà en route.
Le Guide du Routard 2024 dit à propos de cette ballade d’une heure et demie qu’elle est « facile et très bien balisée ». C’est donc sur ces bases qu’on se lance. La veille à Chora, nous n’avions pourtant pas trouvé le départ du sentier (aucune indication), aussi avais-je dû demander notre chemin à un villageois. Suivant ses indications, nous sommes donc aujourd’hui descendus sur le versant Est du village et y avons trouvé rapidement le dit sentier, marqué d’un rond rouge.
Il fait chaud et sec, le ciel est sans nuage aucun, on est peu à peu baigné dans les senteurs des parfums délicieux du maquis, l’immortelle, le fenouil sauvage et autres herbes de garrigues. Par moments, rares il est vrai, quelques groupes d’arbres bordent le sentier, amandiers, genévriers, oliviers et de rares tamaris. Le sentier est d’abord très visible, puis beaucoup moins, car des chèvres passent ici fréquemment et y font leurs propres traces au milieu des touffes de piquants.
Le chemin sillonne maintenant dans ce qui en hiver ou printemps peut être un ruisseau, il y a d’ailleurs pas mal de ronces et piquants, encore verts. Nathalie passe devant car elle a des bâtons de marche et peut faire tomber les énormes toiles tendues par de belles araignées afin qu’on puisse passer. Soit le sentier n’est pas très fréquenté, soit ces araignées sont des tisseuses dingues.
Dans ce décor désolé, sont accrochées ça et là dans la pente, de minuscules maisonnettes cubiques blanches, abris de bergers, réservoirs d’eau, et parfois une église. On verra aussi deux anciens pigeonniers, décatis mais pleins de charme.
On s’élève et progresse jusqu’à une faille rocheuse où juste après une marque rouge ronde, on ne trouve plus aucun signe de la poursuite du sentier, dans toutes les directions explorées…
Il semble que près de ce cactus géant il y ait un passage ? Mais nous voilà bientôt en plein maquis épineux, à devoir monter des murets de soutien des terrasses dont les montagnes ici sont couvertes. La végétation est faite de chardons de toutes sortes et de buissons d’épines. On commence à devoir s’accrocher aux souches pour éviter les glissades, mais il faut aussi frapper dans ses mains ou chanter pour signaler aux rares (espèces protégées) vipères cornues et autres vipères de Milos qu’on est seulement de passage et que non, on a pas l’intention de passer la nuit ici, merci c’est bien aimable. On évitera juste de mettre par inadvertance la main sur le scorpion gibbeux (Mesobuthus gibbosus), jaune-marron, de 7 cm de longueur, dont la piqûre, comme la cocaïne ou l’adrénaline, vous fait battre la chamade à fond les ballons.
Bref, vous sentez qu’à ce point de notre progression, une crise s’annonce, que la bonne humeur s’effrite, et sans mayo, c’est hors de question. Je tente de rassurer Nathalie en lui disant t’inquiète pas, mon GPS indique le sentier droit devant la haut… Ne jamais prononcer le sigle GPS devant Nathalie, je devrais le savoir. Elle peste et va s’assoir à l’ombre d’un bosquet.
Bon, j’y vais et je t’appelle lorsque j’y suis. Mais à chaque muret de soutien franchi, pas de sentier, je suis bien dans la bonne direction, mais sans indication d’échelle sur la carte, pas moyen de savoir à quelle distance se trouve ce foutu sentier. Après avoir gravi trois niveaux de terrasses, je jette l’éponge, car je comprends que le sentier est encore bien plus haut…
Je redescends et on décide de revenir sur nos pas jusqu’au cactus géant et de trouver un coin à l’ombre pour manger une orange. Ouf, la crise est derrière nous, les vipères et scorpions ont compris notre embarras et se sont faits discrets, mais les oreilles des rédacteurs du Routard ont dû siffler… Un sentier « fort bien balisé » qu’ils disaient.
Tout rentre dans l’ordre après avoir bu et mangé nos délicieuses parts de gâteau, tout en ricanant sur le guide du Routard qui ne doit plus envoyer personne nulle part pour faire ses guides, sinon quelques drones équipés de caméras GoPro.
Nous redescendons sur Chora en sifflotant dans le vent.
Komoot pour les sentiers, Luc
C’est vrai oui, j’avais MapsMe d’installé avec la carte Grèce en local, mais je n’ai pas pensé à Komoot 🤭
Dans ma mémoire (certes pas terrible) toutes les fois où on a fait confiance au guide du routard pour des balades on a regretté de ne pas être allé plutôt au bistrot. Le pire c’était en Corse pour une virée vtt recommandée par le dit guide où on s’est posé des questions fondamentales sur l’usage du vélo vu qu’on les a surtout poussés ou portés dans des pierriers. Je pense que le guide du routard aujourd’hui ça peut surtout servir à caler la table de camping. Régalez vous bien et sans doute préférez votre instinct.
Ahaha ! On a des expériences communes en effet. Bonne idée le guide pour caler la table, mais on ne pourra même pas le faire : on a l’exemplaire numérique sur tablette 😖😂
Aie , aie, aie… ca pique !!!
Bon ben c’est pas des vacances relax ça ! Dixit maman 🤣🤣🤣
Les frites sans mayo j’ai beaucoup ri et je me régale toujours a te lire Luc avec ton humour a toute épreuve !
Je compte sur toi pour la mise a jour du GPS et du guide du routard…
En tout cas profitez bien du soleil le ciel chez nous persiste à faire grise mine
Bises à vous deux de nous deux🤗🥰🥰
La peau de mes mollets et tibia est toute ecorniflée pfff .
J’adore cette errance