Aujourd’hui cap sur Cherronisos, petit village à 13 km d’ici au nord de l’île, lové dans le creux d’une baie bien protégée des vents et du gros temps de mer.
La route est géniale, petite, viroleuse, un peu cabossée mais sans trop, et puis passant largement au milieu du maquis de montagne, alternant montées et descentes souvent à 10 pour cent de déclivité.
La moto est impériale ce matin, se laisse conduire sur un filet de gaz, elle roucoule à mi régime et vocalise un peu plus haut. On ose pas trop dire qu’elle marche presque normalement mais c’est pourtant le cas !!!
Au port, quelques petits bateaux de pêche colorés, équipés de filets de taille modeste.
On a garé le side-car a l’ombre d’un tamaris sur le parking un peu plus haut et on emprunte le sentier qui va vers la pointe la plus au nord de l’île. On est parti pour 1h30 aller. A la différence de l’île de Serifos, ici la signalétique des sentiers est discrète, efficace, inventive, car on peut parfois (ce n’est pas le cas ici) mixer les itinéraires et se composer un parcours personnalisé.
Ni route ni piste donc, mais un des magnifiques sentiers de Sifnos, serpentant d’abord à flanc de maquis pour s’élever rapidement du village et poursuivre le long de murs de pierre délimitant des pâtures pour les chèvres toujours curieuses mais jamais familières.
Un poteau électrique, sans fils, témoin d’un temps où il était utile ou nécessaire d’amener de l’électricité quelque part par ici.
A nouveau les senteurs du maquis sont un régal : la chaleur de 11 heures du matin livre le meilleur des herbes sauvages, thym, immortelle dominent, mais parfois s’invitent les senteurs d’un figuier, d’un genévrier de Phénicie… Les Cyclades concentrent 1 768 espèces végétales, dont 161 sont endémiques, ce qui représente une biodiversité exceptionnelle…
Ce rocher a pris la forme d’une pince de crabe, il semble tenter d’attraper l’île de Serifos au loin.
Partout des signes d’une activité d’élevage qui a dû être très dense sur l’île : murs délimitant des parcelles, bergeries, citernes de pierre pour abreuver hommes et bêtes. Le tout dans des états variables, du tas de pierres au bâti ancien restauré, avec toutes les nuances intermédiaires.
On voit souvent près de ce qui a dû être une ferme d’élevage, habitation et abri pour les chèvres, ce mur en forme de cercle, d’une quarantaine de centimètres de hauteur. Il fait penser soit à un banc permettant à une trentaine de personnes de se voir en étant assises en cercle, une agora en quelque sorte ; soit à un bassin qui, rempli d’eau serait le réservoir d’eau potable pour les hommes ou pour leurs bêtes ?
On s’arrête à la pointe la plus haute de l’île, vers ce qui a dû être un village pastoral de quelques fermes (?). Émouvant de sentir jusque dans ces amoncellements de pierres sèches, les intentions architecturales de ces restes, ici un mur d’habitation, là une citerne, ici une porte…
Revenir au village et filer le chemin vers Agios Georgos, perché sur sa colline.
Une certaine austérité pour ce monastère, qui lui vient peut-être simplement de ses murs de protection, car les lieux sont très exposés au Meltemi, ce vent des Cyclades qui dit on, rend fou.
En se retournant vers le village, que l’on aperçoit au fond de la baie la plus à gauche, on embrasse un paysage minéral, mais où la végétation redouble d’invention pour s’accrocher…
Ah quel bonheur de respirer les odeurs du maquis grâce à toi Luc, pendant que nous, ici en France, on est gazé par les remugles nauséabonds des héritiers de la peste brune. Et qu’on risque d’en reprendre une vague fin juin et début juillet parce que là ça risque de barder ! Profitez en bien donc et merci de ces ciels bleus, de ces senteurs sauvages et ces soleils resplendissants.
Merci Yann ! On est venus ici tranquilles parce qu’on avait fait nos procurations pour les Européennes, mais une dissolution, ça non, on ne l’avait pas planifiée ! On ne pourra pas voter !!! 😡🤬😰