Aujourd’hui on marche encore, direction Agios Sostis, petite église au bout d’une langue rocheuse au nord est de l’île. Mais c’est aussi là qu’on voit les traces d’une mine de plomb argenté qui daterait de… l’âge du bronze, et qui a été exploitée jusqu’au 20e siècle, mais oui.
Nous faisons en side les 8 kms de Kamares à Artemonas et y garons la bête, qui se montre docile et joueuse ce matin.
Nous nous mettons en marche. La traversée du village ne semble pas si raide mais une fois au sommet nous nous rendons compte de l’élévation effectuée. Les dernières maisons sont de petites fermes avec leurs jardins potagers, poules, un âne parfois, quelques figuiers ou amandiers. Puis commence la traversée de parcelles délimitées encore par ces hauts murs de pierres sèches. La plupart sont vides et sèches, dans d’autres on y voit ou entend des chèvres ou des moutons. On ne se lasse pas de longer ces murs, ils se montrent parfois parfaitement rectilignes, comme montés au cordeau, par endroit ventripotants comme si une force ici poussait les pierres hors de l’ouvrage, parfois on voit beaucoup de distance entre les pierres, signe d’un travail hâtif et approximatif, parfois il faut le dire, de mur il ne reste qu’un tas de pierres, sur un mètre ou deux, jamais plus.
Après les traversées des parcelles où quelques ânes, ongres ou mulets nous regardent passer, le sentier arrive dans le terrain aride et pelé de la pointe rocheuse.
Ici, une maison de bergers à l’abandon laisse voir par les ouvertures des portes et fenêtres, un âtre dans un angle, avec un banc intégré et deviner la distribution des deux pièces d’une maisonnette qui a dû être agréable à vivre.
Un peu plus loin, nous plongeons dans la pente et le sentier devient escalier.
Descendre encore, jusqu’à l’église…
Où je ne peux retenir Nathalie qui, dès qu’elle voit une cloche ( et il y en a ici en haut de chaque église…) doit absolument tirer la corde pour la faire sonner… Je crains qu’un jour un pope aigri ne nous poursuive à travers le maquis en criant des mots grecs que la frayeur m’empêcherait de retenir et la décence m’empêcherait de traduire.
Mais ici point de pope, nous descendons jusqu’à la mer en évitant les failles d’éboulement de la mine, qui sont protégées par des clôtures, toute la zone ayant été creusée, le terrain, même s’il est très rocheux, est troué comme un gruyère en dessous de nos pieds. Par les larges failles qui plongent sous la roche, on voit du noir, c’est la couleur du minerai extrait ici. J’en ramasse un caillou noir de petite taille, et un autre de la même taille mais d’une autre nature, plutôt roux. Leur différence de poids est saisissante !
Après un bain de trempage, car les rochers sont ici si découpés et la mer si chahutée, que nous risquerions de nous écorcher la peau en nous mettant à l’eau et surtout, en en sortant. Une fois rafraîchis, nous remontons jusqu’au plateau, par le sentier qui a été celui des mineurs pendants plusieurs siècles.
C est vrai quoi, toutes ces cloches, c est quand même tentant !