Alors ça y est on a fini par quitter Sifnos, avec un petit pincement au coeur c’est vrai, et ce n’est lié à aucun abus, ni gras de cochon ni Ouzo, que l’on consomme uniquement sous la torture, ou par désespoir.
En route donc pour Paros puisqu’avec Naxos, c’est la seule façon d’aller à Amorgos depuis Sifnos.
Ce voyage en ferry m’a rendu malade, ça aurait dû m’alerter. Ce gros bateau passant son temps à se dandiner de droite à gauche, un peu comme la France pendant cinquante ans, alors que la mer était parfaitement plate : une horreur. Bref, il était temps de débarquer, ce fut enfin fait vers 20h30 à Parikià.
Trois campings sur l’île de Paros, tous annoncés comme ouverts par le guide officiel Grec des camping 2024, mais on est allé voir ce qu’en disait le Routard – oui je sais, vous demandez pourquoi on se veut tant de mal en continuant à donner du crédit à un guide has been qui fait écrire ses évaluations de randonnée par une IA – et ce qu’en disent les avis de Google, of course.
Synthèse de nos recherches : on avait le choix entre le « Fuyez pauvres fous… », le « Abominable expérience… » et le « A éviter… « . Comme on avait pris les devants avec le « A éviter… » , on est allé vers lui, qui avait répondu à notre mail, et disait que non, il n’était pas encore ouvert, mais que oui, on pouvait y aller, mais attention, brut de décoffrage, sans épicerie ni wifi, ni ménage de fait nulle part, mais il y aura quelqu’un sur place, venez donc. Dit comme ça avec autant de sincérité, on ne pouvait pas dire non.
Nous avons été accueillis par un monsieur charmant qui nous a donné une bouteille d’eau minérale pour la nuit, l’eau du robinet étant la plupart du temps en Grèce, faite uniquement pour se laver. Nous avons monté la tente à la frontale, sous un grand eucalyptus, puis mangé nos dernières cacahuètes et un gâteau sec en dessert, au village, tout était fermé.
On a passé une nuit correcte si ce n’était la route toute proche, et le matin, après s’être rendus sur la plage, on s’est dit qu’on pouvait peut être trouver mieux ? Oui, c’est vrai ça ?!
Et nous voilà partis repérer le « Fuyez pauvres fous… », histoire de se jeter dans la gueule du loup… Les photos Google étaient trompeuses, un 3 étoiles assurément décati depuis quelques années, on s’en doutait, mais ce n’était pas le pire, non, comme en Macronie, le pire est toujours à venir…
On a demandé un endroit calme, et la dame de la réception n’a pas bronché, ni un rire nerveux, ni même un grand éclat de rire – j’aurai préféré – ni rien qui aurait dû nous refroidir. Un grand calme impérial : All our places are quiet, mister ? Luc, you can call me Luc.
Bon ben très bien, on retourne donc démonter notre campement du « A éviter… » Et on vient s’installer au « Fuyez pauvres fous… », où tout s’est bien passé jusqu’à midi…
A midi, en effet, le bar de plage des masculinistes british quadras tatoués en recherche de testostérone – des quarantenaires quoi – commençait à dégueuler (si si le verbe est approprié) de la techno boum boum au kilomètre à une puissance de feu de nature à projeter les véliplanchistes au milieu de la baie en 0,7 secondes, à former une vague géante insurfable, et à coloniser quelques kilomètres carrés tout autour de la zone d’émission qu’on appellera ici « magma zone ». Et moi qui ce matin commençait juste à me remettre d’un mal de mer tenace…
Il a fallu supporter ce bourinage continuel jusqu’à 18 heures, on a tout essayé : le cri désespéré mais rageur placé entre deux morceaux, le repli sur la plage dans une zone semi enterrée, creusée par la mer, mais où les vibrations décollaient la terre qui nous tombait sur le visage, sous l’eau en masque et tuba, mais ce que je dédaigne à appeler musique me rentrait par la gorge et me grattait la glotte comme une toile émeri… Ah pauvre de moi, ils vont m’avoir au vomi, celui que le bateau n’a pas pu m’arracher !
N’y tenant plus, je me suis rendu sur place, cherché et trouvé sans mal le maudit bar, épicentre du tsunami. J’ai demandé à voir le patron. J’avais un peu réfléchi au truc et l’avais écrit en anglais pour ne rien oublier. Je lui ai demandé s’il avait un pouvoir de nuisance, de quelle sorte et de quelle portée, parce que pour ses trente clients potentiels (il y en avait moins de 10 à ce moment là), il pourrissait la vie de près de 1.000 personnes dans le kilomètre carré autour de sa zone d’émission. Il m’a regardé bizarrement, hésitant entre montrer ses gros bras, et m’envoyer balader. Il frisait sa moustache pour se faire affable, il cherchait des modalités de réponses adaptées au vioque devant lui. Il a testé successivement la position de surplomb, celle de l’amadouage, puis en est enfin venu aux arguments : oui, il avait bien une autorisation à émettre de 97 décibels de 12h à 22h. Je lui ai dit que l’autorisation de rouler à 130 sur l’autoroute n’est en aucun cas une obligation de le faire en permanence, ni en toutes circonstances. Il m’a répondu que ses clients venaient pour ça. Donc pour ces 10 clients là, vous imposez leur choix à 1.000 personnes qui n’ont rien demandé, au titre de votre autorisation d’émettre ?!
Il faut dire qu’en effet, s’il a le droit pour lui, je n’ai plus qu’à me taire… Mais c’est aussi que le droit a quelque chose de… tordu. Bref, l’affaire me dépassait, je n’allais pas réformer le droit Grec en matière de nuisances sonores dans l’espace public.
On en est resté là. On a sorti le side et on s’est précipité au port pour acheter nos billets pour Amorgos dès le lendemain matin.
On s’est payé un petit Gyros frites avec une bière fraîche en se demandant comment se passerait la nuit au « Fuyez pauvres fous… ».
Et bien pas si mal finalement, la musique Grecque du restaurant voisin était vivante, faisait vibrer les clients qui chantonnaient, et tout s’est arrêté pour rendre la nuit aux cigales, aux chats et aux oiseaux de nuit, vers minuit.
Nous avons quitté l’île aux quads et au tourisme de masse biberoné à la techno, avec une joie non dissimulée.
Par pitié, pas Paros ! Surtout en camping ! En fait, surtout pas une île où les touristes arrivent par avion ! Sans doute parce qu’ils y arrivent non pas comme on arrive dans un autre pays, mais qu’ils y débarquent comme dans un centre commercial, un mall où tout est juste moins cher que près de chez eux et qu’on y parle anglais comme à la maison. Quoi !? Comment ça, ils parlent Grec les Grecs ?
Coucou Claire ! La hauteur du figuier est indexée sur celle de Marcel, le vrai, l’unique, on avait oublié de te le dire 😅
Au fait, vous rentrez quand ? Parce qu’ici, on a besoin de vous…au moins le 30 juin !
Bonne continuation et bises.
Rentrée prévue à Montreuil mi juillet. On avait fait nos procurations pour les Européennes, mais pas pour des législatives anticipées 👹 Quel coup tordu !
Bises
Vivement Amorgos et le plongeon » grand bleu »….et revoir le film dans un petit bar le soir à l’apéro …
Nuit de folie … ha les bobos montreuilllois !!! Que je m’amuse à vous lire Toujours au plus près de l’instant. Surtout continuez. Et les photos.
Je suis le parcours.
Au fait le figuier Marcel a bien pris 15 cm. Top. Je vous embrasse. Ne changer rien.