Notre progression nous pousse encore vers le sud avec cette étape de Portixeddu à Sant’ Antioco. Le passage vers cette grosse péninsule du sud-ouest de la Sardaigne nous laisse le sentiment que l’on a quitté les régions sauvages pour d’autres, plus urbaines et industrielles. C’est là qu’on trouve à se réapprovisionner en cartouches de gaz – on frisait la panne – les fameuses UN2037 au label international mais qu’on ne trouve ici qu’en boutiques de bazars chinois !
Le passage de l’île de Sardaigne à la presqu’île de Sant’Antioco se fait par un pont à sens alterné car il est très étroit ! Là nous avons retrouvé un environnement plus mixte de zones rurales, faîtes de pâturages et d’élevages (mais où sont les bêtes, qu’on ne voit jamais !), de landes et de maquis, et de petits hameaux de quelques maisons ; et de bords de mer où nous avons vu les premiers flamands roses de Sardaigne, flânant dans les lagunes.
Et puis, nous avons brièvement traversé Sant’Antioco, la ville, et après 14 km, nous sommes arrivés à notre camping.
Voici notre installation, la photo prise au plus haut du soleil donne la fausse impression qu’il n’y a pas d’ombre.
On a beau avoir déjà vu ce spectacle, on le regarde jusqu’au bout, avant de cligner des yeux en guise d’applaudissements.
Et dès le lendemain, on enfourche le destrier allégé de nos bagages pour aller musarder dans la petite ville de Sant’Antioco.
Ici l’eau coule aux fontaines et c’est très agréable. L’avenue centrale du coeur de ville est bordée des deux côtés de très vieux Ficus qui forment une voute verte assez haute perchée pour créer un vrai couloir de fraîcheur.
Les maires de villes petites moyennes et grandes devraient passer par ici . On fait de plus la différence car cette rue, sur une grande partie, est livrée aux morsures du soleil sans rien pour le contrer.
Rencontre avec ces gorgones peu farouches et facétieuses.
A nouveau on est sous le charme de ces couleurs douces et chaudes, soyeuses pourrait on dire…
La petite place de la basilique Sant’Antioco, beaucoup plus impressionnante à l’intérieur qu’à l’extérieur.
On ne verra ici que l’entrée vers des catacombes très vastes…
On rentre au bercail. Là un détail attire mon attention sur la moto : il manque une vis pour tenir la bride de l’échappement gauche. Je vais voir de plus près, sans rien toucher car le moteur est encore brûlant. La vis ne fait pas seulement que manquer, elle s’est cassée à l’intérieur de son logement, dans la culasse…
Le genre de truc qui peut rendre dingue le plus adroit des mécanos. Il va falloir démonter l’échappement gauche : facile. Poinçonner bien au centre la vis de diamètre 6 cassée au ras de la culasse, de façon à percer au diamètre 4. Puis il faudra utiliser un tourne à gauche, l’enfoncer en restant délicat, puis le tourner à gauche pour dévisser le morceau cassé : très à risque car avec ce genre d’outil en acier trempé et de petit diamètre, il peut casser très facilement…
Ce genre de manœuvre demande du temps, du doigté, du calme, de la précision, et le résultat n’est jamais donné à l’avance. Si tout se passe bien c’est réglé en 1 heure, si c’est la galère, ça peut aller jusqu’à devoir démonter la culasse pour la tarauder dans un diamètre supérieur et y insérer une douille de réparation, voire devoir changer la culasse… C’est un peu l’équivalent de se casser une dent au ras de la racine qui reste bien solidement ancrée dans la mâchoire… Bon, sauf qu’on a pas encore prouvé l’égalité de douleur de l’événement entre l’homme et la moto 🤔
Je n’ai pas l’outillage et il va nous falloir trouver un mécano aux doigts de dentiste et qui aime les défis…
Demain est un autre jour, et nous filons longer la baie depuis la plage au pied des rochers et c’est magnifique !
Au sol, les intempéries vraisemblablement ont creusé la roche volcanique de cette côte de telle manière qu’on croit reconnaître des visages sculptés, ou des signes gravés…
Et là c’est une sorte de théâtre creusé dans le rocher, certainement par érosion, mais comment ne pas penser à une action humaine en vue de quelques activité votive ?