Le site archéologique de Tiscali est accessible après 1h40 à 2 h de grimpette progressive depuis le fond de la vallée de l’Enaitho, jusqu’à un col derrière lequel se love littéralement le grand cirque de ce village Nuraghe.
Installé dans une doline conique, certainement une grotte dont le plafond s’est effondré, ce village est constitué de plusieurs groupes de huttes rondes et carrées. Les premières habitations datent du XVe au VIIIe siècle avant Jésus-Christ. La grotte et son effondrement, datent eux, vraisemblablement du jurassique…
Pour y aller il nous faut refaire le chemin vers la source d’hier, et prendre la piste qui part un peu avant, 200 mètres à droite.
On s’enfonce doucement dans la vallée de Lanaitho sur 4 km environ de piste roulante, là on cherche un coin d’ombre un peu plus renfoncé pour garer le side sous les grands pins qui bordent une avenue empierrée qui a l’air droit sortie de la Rome antique.
On se met en route, application AllTrails avec carte locale chargée en mémoire, car on a lu partout que c’est indispensable pour parcourir ce joyau du parc de Gennargentu. Une bouteille glaçon de 2 litres d’eau de source dans le sac, nos couvres chefs, une poignée de raisins secs chacun, du pain et du fromage, les lunettes de soleil et c’est parti.
Une photo pour s’épargner la honte de ne plus savoir d’où on est partis 😁
On traverse et longe des plantations d’oliviers, une bergerie et un troupeau de chèvres, la seconde, très ancienne, est vraisemblablement désaffectée.
On poursuit à fond de vallée, en sous bois, pour suivre le lit à sec d’un torrent de printemps.
La végétation se densifie en même temps que nous nous élevons au travers de très gros blocs de roches.
On commence à voir ce qui nous attend là haut.
Ces magnifiques arbres au tronc noueux dont je ne connais pas le nom, nous font un pont d’ombre fort bienvenu !
Au pied de la dent (ou le talon ?), nous la longeons dans sa fraîcheur inattendue.
La voici d’un peu plus loin lorsqu’on se retourne.
Et maintenant, un dernier effort dans les rochers acérés tranchants du sommet du col…
Et à une cinquantaine de mètres de là… Tiscali, sous d’épais feuillages… On découvre la présence d’un guide, l’entrée est payante, 6 euros, pour l’association d’archéologie qui maintient la préservation du site.
C’est un choc que de voir ce panneau là tout en haut de la montagne. C’est un panneau de type routier, qui ramène cet environnement exceptionnel à un bord de route quelconque : un exemple de la brutalité d’aménagement du territoire…
Le gardien nous apprend qu’il y a là dans ce petit monde miniature un peu perché, les représentants du monde des arbres méditerranéen : térébinthe, yeuse, filaire, lentisque, figuier, érable, frêne… Et quand je lui demande si la nuit il voit des animaux ici, pointant du doigt une photo de mouflon, car j’ai vu le petit chalet qu’il habite ici, il me dit très fier, qu’ils viennent dormir ici chaque nuit…
Ici la roche est percée, créant pour cet ancien village Nuraghe, un poste d’observation discret pour savoir qui vient.
La Hitite, toujours furtive mais présente, partout où l’histoire du monde a connu quelques moments de grâce.
Le souffle coupé, on parcourt les lieux, une sorte de cratère d’environ 300 mètres de diamètre, encore protecteur par endroits où la roche recouvre l’espace du village…
On est redescendus comme on sort d’un rêve, un peu sonné, sourire aux lèvres…