Patras. C’est de là que nous partirons demain soir pour rejoindre Venise par le ferry. C’est aussi une ville d’histoire où ont été découvertes de nombreuses ruines, objets, armes, bijoux, sépultures, mosaïques, et autres traces diverses sur plusieurs sites relevant de différentes époques, couvrant… plus de 3 millénaires, rien que ça.
On commence notre visite par celle du château surplombant la ville. C’est sous l’empereur byzantin Justinien, après le terrible tremblement de terre de 551, que le château a été édifié avec les matériaux d’une acropole pré-chrétienne. Rien ne se perd tout se transforme !
De cette période romaine il reste le torse et la tête d’une statue de marbre devenue partie du folklore de la ville, sorte de génie des lieux nommé.e Patrinella, jeune fille, qui est censée avoir été transformée en un homme lors de l’époque ottomane. Ielle protège la ville contre les maladies et pleurerait à chaque fois qu’un éminent citoyen de Patras meurt. On ne l’a pas vue au château, mais en même temps, on est pas d’içi…
Le château est resté en usage défensif depuis sa création jusqu’à la deuxième guerre mondiale, où l’armée allemande s’était installée. C’est aujourd’hui un lieu de culture. Au cours de la période byzantine, il a été assiégé par les Slaves, les Sarrasins, les Normands et beaucoup d’autres, mais il n’est jamais tombé. Le château a même repoussé un grand siège (moi aussi l’autre jour au camping), en 805, par les Arabes et les Slaves. Ce succès est attribué à St André, patron de la ville. Bon quand on a vu sa situation perchée imprenable, l’épaisseur des murs et la finesse des meurtrières, ça laisse peu de champ d’intervention pour St André, sans vouloir polémiquer, il faut bien le reconnaître.
Le château aura connu également les croisés, les Vénitiens, l’affreux despote de Morée, les Ottomans, les Vénitiens à nouveau, les Turcs et enfin, les Grecs à nouveau, non mais.
La jeune Hittite (1200 avant J.C) rencontrée il y a deux ans en Turquie est réapparue ici, sa capacité à traverser les espaces temps est simplement sidérante. C’est elle qui défriche les lieux à chaque fois, et me guide sans un mot, et puis elle disparaît, comme ça sans crier gare. J’ai pris l’habitude et je ne crie plus. Je me tais, et elle ré-apparaît.
La ville de Patras qui s’étend, côté ouest par dessus les ruines du château.
La ville de Patras côté sud-est, vers le mont Panachéen.
Patras côté nord-ouest, on voit la ligne de la jetée du port.
Patras a une histoire plus que riche, ce qui lui vaut de posséder un musée archéologique de 8000 mètres carrés inauguré en 2009, soit le 3ème du pays en taille, après les Musée Archéologique National et de l’Acropole à Athènes.
Au centre, dans ce volume principal, les reconstitutions de fresques et sols en mosaïques, période romaine. Sur les murs et dans les vitrines, les objets et sculptures trouvées dans les fouilles.
Carafe-Canard en terre cuite peinte, période romaine (1er à 4ème siècle après J.C)
Carafe en terre cuite à trois peds, période romaine.
Oiseau en bronze, 8ème siècle avant J.C
Cheval en bronze, 9ème siècle avant J.C
Aiguilles pour usages variés, période romaine.
Pince à épiler, période romaine.
Épingles, période Mycénienne, 15 à 11éme siècle avant J.C (Quand on croit avoir tout inventé…)
Vases et carafes en verre, période romaine (1er à 4ème siècle après J.C). C’est très beau et touchant de voir que ces objets si fragiles aient pu traverser d’aussi longues périodes sans être brisés…
Amphore, terre cuite, 4ème siècle avant J.C
Torse et main, marbre, fait partie d’une série de 3 sculptures du 5-4 ème siècle avant J.C
Puis nous entrons dans la section consacrée aux pratiques funéraires et aux objets de ces rites.
Malgré les représentations de poissons et de poulpe (Minoan style), ce n’est pas une baignoire mais un cercueil très rare. Terre cuite peinte. 13ème siècle avant J.C
Autre style, d’une facture plus modeste, cette « amphore » ou « vase » sert de cercueil.
Et puis ces vitrines dont les crânes qui portent encore leurs bijoux, nous laissent sans voix. Le propre de ce qu’on appelle en arts, une vanité. Ces crânes encore décorés de leurs parures nous disent quelque chose comme « carpe diem », la vie est courte et la mort est longue, profite, pauvre fou.
Alors, mausolée, baignoire ou amphore ? Plusieurs pratiques étaient admises, y compris la crémation. Toujours étonnant de voir à quel point les anciennes civilisations nous ressemblent, ou inversement.
Ah Patras, impossible d’oublier cette ville et la fin d’une mésaventure assez flippante pour moi. Je vous raconterai… Bon alors ça sent la fin de la ballade printanière là un peu, non ? Alors oui Carpe Diem.
Elegamment dérisoire cette parure.