On a encore dit au revoir à cette belle île d’Amorgos, où tout y est si doux.
Dernière ballade, à la plage de Levrosos et dans son prolongement, jusqu’à celle plus sauvage de Psili Ammos, par le sentier côtier.
On a tout plié la veille au soir, et le lendemain matin, on était à 7h30 sur l’embarcadère prêts à partir pour Naxos au bateau de 8h.
Le Scopelitis est un petit ferrie capable d’emporter 8 à 10 voitures, il aurait dû être mis en retraite après 30 ans de service. Voici ce qu’écrivait « Le petit journal d’Athènes » le 5 avril 2017 :
« Le légendaire « express Skopelitis », ferrie qui dessert les « petites Cyclades », restera à quai définitivement à la fin du mois d’octobre prochain. Depuis plus de 30 ans, il transportait touristes et grecs à destination des îles de Schinoussa, Donoussa, Heraklia et Koufonisia. Ses dernières traversées se feront pendant l’été. »
Sauf si on est entrés dans un vortex temporel du passé, on en déduit plus sûrement que le Skopelitis a obtenu une autorisation de prolonger ses trajets depuis 7 ans, et qu’il a même étendu son itinéraire en desservant Naxos depuis Amorgos, comme le souhaitait son capitaine à l’époque.
On est pas très nombreux à embarquer : un side-car et une voiture, et une cinquantaine de passagers. Tout à bord, fleure bon l’ancien temps, les ponts 1 et 2 avec leurs sièges passagers en extérieur, mais le bateau est très bien entretenu. Un bar d’une autre époque dans le style marin, à l’avant du bateau, au niveau de l’eau. Les marins à bord sont très prévenants et attentifs à leurs passagers. Il faut dire que le trajet d’Amorgos jusqu’à sa première escale, Koufonisia met le matériel et les passagers à rude épreuve : ça bouge, ça tangue, ça claque, ça splash et ça glisse !
Les secousses ont commencé à peine sortis de la baie de Katapola sur Amorgos. Ensuite la bateau a littéralement surfé les vagues, plongeant régulièrement son étrave en avant contre les flots, on s’était choisi une banquette moelleuse dans le bar, on voyait de là, l’écume de mer projetée de par et d’autre du bateau par les fenêtres.
Inquiet pour l’amarrage du side-car en soute, je suis allé voir s’il ne dansait pas la carmagnole. Mais il était bien contenu, attaché et empêché de bouger avec des cales de roues, ils avaient même mis des cartons pour prévenir tout frottement qui aurait pu le rayer.
Derrière les vitres du bar, j’adorais voir les gerbes d’écume à travers les vitres, mais Nathalie et moi, on commençait à devenir pâle, à avoir mal au coeur comme on dit.
Elle a réglé le problème en s’endormant, et moi en montant sur le pont haut, celui où on se prend les embruns et gerbes d’eau et le vent des Cyclades dans la mouille.
Nos deux stratégies, très différentes, se sont avérées efficaces pour chacun de nous. Arrivés à Koufonisia, nous avons enfin pu manger nos gâteaux achetés le matin sur le port et boire un peu d’eau.
La suite du trajet a été tout aussi agitée mais d’une autre manière, les courants et les vents, je n’en sais rien, mais le bateau dansait cette fois de droite et de gauche comme une coquille de noix. On avait passé le cap mal au cœur, ce qui n’a pas été le cas de tout le monde à bord. Nous avons été chanceux ! Tout a tenu bon finalement et on a fini, 5 heures après, à débarquer à Chora sur Naxos.
Il édulcore, nous étions franchement verts!